- pétition
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• XIIIe; peticiun « demande, requête » au sens génér. 1120; lat. petitio, de petere « chercher à atteindre »1 ♦ Dr. Requête, réclamation faite en justice.2 ♦ (1661) PÉTITION DE PRINCIPE : faute logique par laquelle on tient pour admis, sous une forme un peu différente, qu'il s'agit de démontrer.3 ♦ (1704; angl. petition) Écrit adressé aux pouvoirs publics, par lequel toute personne (seule ou avec d'autres) exprime son opinion sur ce qui la concerne ou sur une question d'intérêt général. Faire signer une pétition pour la paix. Recueillir des signatures pour une pétition. — Par ext. Demande, protestation, plainte collective que l'on fait parvenir à qqn. Pétition de locataires à leur propriétaire, d'employés à leur chef.pétitionn. f.d1./d Demande, plainte ou voeu adressés par écrit à une autorité quelconque par une personne ou un groupe. Déposer une pétition dans une ambassade.d2./d Pétition de principe: raisonnement erroné consistant à tenir pour vrai ce qu'il s'agit précisément de démontrer.⇒PÉTITION, subst. fém.A. — 1. Écrit signé adressé aux pouvoirs publics, qui exprime une opinion, une demande, une plainte, une protestation, un voeu, d'ordre particulier ou général; p.ext., requête collective signée, adressée à une autorité compétente. Pétition à la Chambre, au Parlement; signer une pétition. Foureau, revenu, lit, pour se venger de Bouvard, une pétition de lui au Conseil municipal, où il demande l'établissement d'un bordel à Chavignolles (FLAUB., Bouvard, t.2, 1880, p.189). Ici on demande par pétitions des sursis (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1906, p.105). V. apostille ex. 4, bureau ex. 18:• 1. ... un dossier de pétitions qui était sur une table dans mon cabinet a disparu, et je n'ai pu le retrouver; ce dossier contenait entre autres la pétition des habitants du Havre que je m'étais chargé de déposer sur le bureau de l'Assemblée Nationale. ... Cette pétition portait, à ma connaissance, cinq mille signatures.HUGO, Corresp., 1848, p.640.2. En partic.a) DR. CONSTIT. Droit de pétition. Droit de chaque citoyen d'adresser aux assemblées parlementaires un écrit signé d'une ou de plusieurs personnes, exprimant une opinion, une demande, une plainte, une protestation, un voeu, d'ordre général ou particulier. Le droit de pétition est né avant même que les parlements n'aient acquis la plénitude de leurs pouvoirs actuels. C'est un droit naturel que toutes les démocraties favorisent (GINESTET, Ass. parlem. eur., 1959, p.71).b) DR. INTERNAT. Requête signée d'une ou de plusieurs personnes, adressée à une organisation internationale. Des femmes du 19e arrondissement qui allaient à l'O.N.U. pour porter des pétitions demandant un Pacte de Paix (L'Humanité, 19 janv. 1952, p.2, col. 4-5).c) DR. CIVIL. Pétition d'hérédité (v. ce mot A 2).B. —LOG. Pétition de principe. Raisonnement captieux dans lequel on prend pour point de départ ce qui doit être démontré. Saint Paul est très faible de raisonnement; toujours des pétitions de principes (MICHELET, Journal, 1820, p.95). Ainsi, M. Ch. Comte, qui entreprend d'expliquer comment la propriété se forme, et qui débute par supposer qu'une nation est propriétaire, tombe dans le sophisme appelé pétition de principe (PROUDHON, Propriété, 1840, p.206):• 2. —Mais le duc de Guermantes n'est pas antisémite. —Vous voyez bien que si, puisqu'il est antidreyfusard, me répondit Swann, sans s'apercevoir qu'il faisait une pétition de principe.PROUST, Guermantes 2, 1921, p.581.Prononc. et Orth.:[
]. Ac. 1694, 1718: petition; dep. 1740: pé-. Étymol. et Hist.A. 1. a) 1re moitié XIIes. peticïun «demande, requête» (Psautier Oxford, 105, 15 ds T.-L.); b) 2e moitié XIIIes. spéc. peticïon «demande, réclamation faite en justice» (Dit Avocat ds Trois Dits, I, 41, ibid.); c) 1765 en partic. pétition d'hérédité (Encyclop. t.12); 2. 1662 log. pétition de principe (A. ARNAUD et P. NICOLE, La Logique ou l'art de penser, III, XIX, 2, éd. P. Clair et F. Girbal, Paris, P.U.F., 1965, p.243). B. 1704 «demande, requête individuelle ou collective faite aux pouvoirs publics (ici, le roi) en vertu d'un droit reconnu» (en Angleterre) petition de Droit (E. DE CLARENDON, Hist. de la Rebellion et des Guerres civiles d'Angleterre dep. 1641 jusqu'au rétablissement du roi Charles II, t.1, p.410); 1789 «id.» (en France) (Décret du 29 juill. 1789 ds DUVERGIER, Rec. complet des lois et décrets, t.1, p.32); 1791 droit de pétition (Abbé GREGOIRE d'apr. BUCHEZ et ROUX, Hist. parlementaire de la Révolution fr., t.10, p.7 d'apr. BRUNOT t.9, p.783, note 1). Empr. au lat. petitio au sens de «demande, requête», de petere «chercher à atteindre, chercher à obtenir, demander, solliciter», et, comme terme de log., au lat. médiév. petitio principii (LATHAM). Au sens B, repris à l'angl. à cause de l'usage qui en était fait dans le cadre du Parlement, notamment lors de la pétition au roi Charles Ier, agréée par celui-ci en 1628, qui contenait la déclaration des droits et libertés du peuple (Petition of Right «pétition de droit» [reprenant une expr. jur., en lat. jur. petitio justitiae], v. NED). Fréq. abs. littér.:257. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 578, b) 301; XXes.: a) 459, b) 161. Bbg. BARB. Loan-words 1921, p.140. —RANFT 1908, p.55. — TOURNIER (M.). Un Vocab. ouvrier en 1848. Thèse, Paris, 1975, t.1, pp.176-203.
pétition [petisjɔ̃] n. f.ÉTYM. XIIIe; peticiun « demande, requête », au sens général, 1120; lat. petitio au sens jurid. du v. petere « chercher à atteindre ».❖———1 Dr. Requête, réclamation faite en justice. || Pétition d'hérédité : « action donnée à l'héritier pour revendiquer la succession contre toute personne qui se prétend elle-même héritière » (Capitant).2 (1661). Log. || Pétition de principe : faute logique par laquelle on tient pour admise, sous une forme un peu différente, la proposition même qu'il s'agit de démontrer.REM. Une confusion entre cette locution et l'expression déclaration de principe, favorisée par le sens II de pétition (« écrit que l'on signe au nom de principes philosophiques, politiques, etc. »), conduit fréquemment aujourd'hui à comprendre et à employer pétition de principe au sens de « déclaration concernant les convictions personnelles, les valeurs morales ». Cet emploi, fautif, est à proscrire.———II (1704 à propos de l'Angleterre; 1789 pour la France; repris à l'angl. petition, issu du français, dans ce sens dès le XVe). Écrit adressé aux pouvoirs publics, par lequel toute personne (seule ou avec d'autres) peut faire savoir son opinion sur ce qui la concerne ou sur une question d'intérêt général. || Droit de pétition reconnu en 1789. ⇒ aussi Placet. || Pétition au Parlement. || L'Assemblée nationale reçut une pétition de la mère d'une religieuse que l'on retenait de force (cit. 52). || « Pétition à la chambre des députés pour les villageois que l'on empêche de danser », de P.-L. Courier. || Une pétition de Jacobins (cit. 1) demanda la mort de Louis XVI. || Pétition contre la guerre, pour la paix (cit. 19). || Faire signer une pétition. || Recueillir des signatures pour une pétition. || Apostiller une pétition.1 Le 16, les Jacobins déposèrent au Champ-de-Mars, sur l'autel de la patrie, une pétition qui réclamait la déchéance (du roi) et ils organisèrent contre l'Assemblée une manifestation (…)J. Bainville, Hist. de France, XVI, p. 345.2 Quel que soit le nombre des signatures personnelles que porte une pétition, elle reste individuelle. Elle ne cesse de l'être que lorsqu'elle est adressée par une association, une corporation (…) Il est certain que les fonctionnaires (…) peuvent adresser des pétitions et les signer avec leur qualité de fonctionnaires. Mais les corps constitués ne peuvent comme tels adresser des pétitions ni au gouvernement ni aux chambres.L. Duguit, Traité du droit constitutionnel, t. V, p. 444.♦ Demande, protestation collective que l'on fait parvenir à qqn. || Pétition de locataires à leur propriétaire, d'employés à leur chef…❖DÉR. Pétitionnaire, pétitionner.
Encyclopédie Universelle. 2012.